jeudi 1 avril 2010

Psycho-trip et crise sibérienne

Sortez vos platines ! 30 mois après la rafale Oracular Spectacular, les managers les plus psychés de Brooklyn trustent à nouveau une place de choix chez tous les disquaires pas trop nazes (bon, officiellement, ce sera le 12 avril).


(ndmoi :

Après quelques rumeurs incestueuses (ndmoi : album produit par les Chemical Brothers ? Revirement exclusivement electro ?), le groupe annonce fin 2009 la sortie du sophomore pour le printemps 2010. Loin. Jusqu'à la sortie de l'album, à chaque mois vient son lot d'infos exclusives-mais-pas-si-exclusives-que-ça, puisqu'annoncées par Ben Goldwasser (ndmoi : la moitié de MGMT) himself. Du nom de l'opus (ndmoi : Congratulations), à la jaquette avangardexpériminimale (postée plus haut), en passant par l'annonce de la tracklist (le truc qui me fait toujours frétiller la pupille gauche), le double leak (ndmoi : celui d'un journaleux indélicat, puis celui du groupe lui-même), et le dévoilement du premier clip. Détails.

L'album s'appellera donc Congratulations. Les deux huluberlus seraient donc du genre à se lancer des fleurs avant même leur éclosion. Audacieux, quoi que des bourgeons dans la tronche, ça peut faire mal. La jaquette quant à elle, quoi qu'agressive visuellement parlant, et très fun et plutôt Sega-friendly, rappelant aux bons souvenir des parties de Sonic the Hedgehog sur Megadrive, sur un surf, la nouvelle passion d'Andrew Van Wyngarden (bah l'autre moitié de MGMT). Je ne commenterai pas la tracklist ici, mais seuls deux titres m'ont fait frétiller de l'oeil (encore, mais la pupille droite, cette fois-ci) : Brian Eno et Lady Dada's Nightmare. Cool, deux titres hommages ne peuvent être que bons, pensai-je. Opération promo en marche, Goldwasser annonce qu''il n’y aura pas de single officiel. "Pas de Time To Pretend ou de Kids sur cet album. Nous ne voulons pas que les gens écoutent simplement les trois meilleurs morceaux, les téléchargent et laissent de côté le reste.”. Dans la foulée, le titre Flash Delirium est offert en téléchargement aux internautes sur le site officiel, et le clip de cette même chanson, dans lequel nos deux camarades troquent ponchos, bandanas et Wayfarer solaires à monture blanche contre costumes cintrés, mocassins à gland et Wayfarer de vue, est mis en ligne. Mhhh...


Leak ta race

Puis ce qui devait arriver arriva près de trois semaines avant la sortie officielle de l'album. En quelques heures, le leak de Congratulations se trouvait partout sur la toile, alors que moi-même ne m'y trouvais pas. Sans le concours d'une Assassienne lucide, je serais sans doute passé à côté de la découverte anticipée de la galette. Pas vraiment, en fait, puisque quasiment dans la foulée, le groupe mit à disposition des fans l'album en écoute sur le site officiel. Je récupère l'album en 128k, le fous sur CD, et l'écoute intensément pendant près de deux semaines. Verdict.


L'alboum

Force est de constater que la première écoute fut loin d'être la plus intéressée (et intéressante). Assez vite, les habitudes reviendront. Une écoute intermédiaire de Oracular Spectacular et de deux ou trois titres météorés (Destrokk, Metanoia), et je me replonge dans Congratulations tel Albus Dumbledore dans la pensine.

L'opening est efficace, une fois de plus. It's Working déchire sa race, rentre dans le lard, couteau en avant, dents apparentes. La voix est travaillée, moitié réverb, moitié humano. Le morceau qui atteint les quatre minutes, accuse cependant sérieusement le coup sur la fin. La dernière minute est assez laborieuse, ad lib outrageant, effet fondu volume dégressif sur la fin du morceau. Bof.
La chanson suivante, Song For Dan Treacy, a été pendant plusieurs jours le titre que je trouvais le plus faible du disque. Puis avec de l'attention, façon bonus track, le passage de 1:15 à 1:55 s'est offert à moi. Je ne la zappe désormais plus. Je la tolère, sans l'aduler.
Bon, mon courroux s'est déplacé d'une piste. Someone's Missing est clairement le morceau le moins bon, le moins travaillé, le moins intéressant, le moins tout court. Une montée en puissance pendant 1 minute 45 et des brouettes, qui nous fait nous attendre à un final de dingue. Et en fait, non. 45 secondes plus tard, le soufflé retombe. On a un goût amer dans la bouche.
Si nos deux loustics avaient voulu plus nous prendre pour des cons qu'en racontant à qui voulait l'entendre qu'aucun titre de l'album ne serait "singlisé", comprendre "starisé", ils n'auraient pas pu. Flash Delirium, morceau offert par le groupe quelques jours avant le leak et premier clip vidéo de l'album (voir en bas) est évidemment un titre énorme, de la trempe des Of Moon, Birds & Monsters ou The Handshake, d'Oracular Spectacular. Deux ou trois thèmes récurrents, qu'on n'en parvient pas à déterminer les couplets et refrains. La voix est le point d'honneur de ce morceau. Successivement douce et claire, appuyée, feulée, aigue, chorique, reverbée, appuyée à nouveau, double : douce et claire / appuyée, gutturale (pendant le compte à rebours), puis scandée. C'est à Flash Delirium que j'ai tenté de m'atteler, mais quiconque aura entendu mon acoustique cover sera en mesure d'affirmer que MGMT, après l'UMP, est tout proche de lancer un procès contre un autre corps français.
I Found a Whistle se fond à merveille dans l'album, et profite de l'effet de la chanson précédente pour se faire une place au soleil. La mélodie est simple, la voix légèrement échotée. C'est doux, et j'aime ça. Le tout donne une impression très "fin d'après-midi".
La journée continue, avec le morceau suivant. Siberian Break, tout un programme. L'on pourrait siroter un énième tequila sunrise à la terrasse d'un bar de plage miteux de Costa Del Sol, c'est cette musique qui en serait le fond sonore, jusqu'à 1:30. L'alcoolo lamentable de 25 ans relève ensuite la tête nonchalemment, et repense avec douleur à la femme qu'il a aimé et qui a foutu le camp. A partir de 2:18, notre ami qui n'existe que dans vos têtes que grâce à ma capacité d'autosuggestion se dit que "bon, il faut pas se laisser abattre." Alors il repense à des trucs cool faits, et d'autres encore plus cool à faire. Y en a visiblement un paquet, puisque ce n'est que vers 5:00 que notre éthylique ami (faut être gentil avec les gens qui boivent) décide de se reprendre en main. A 6:15, il descend péniblement du transat' et s'élance vers le changement. On l'imagine longer une voie ferrée, portant un T-shirt "J'ai changé". 8:27, moment crucial. Il aperçoit la femme qu'il a aimé. Panic at the disco, il accourt, lui met la main sur l'épaule (9:15). Elle se retourne. Confusion sur la personne, il mettra musicalement 45 secondes pour s'en remettre (10:00), avant de sombrer dans les psychés. Au hasard, hawaiian baby woodrose (ça va pas mal avec l'ambiance du début du morceau). Jusqu'à 12:08, et le bad trip fatal, la tête dans l'eau. Heure du décès, aucune idée.
La piste suivante arrivant, empreint de naïveté, j'avais envie de croire qu'un morceau appelé Brian Eno était forcément bon. En tout cas, celui-ci l'est. Il s'agit d'un des morceaux les plus rythmés de l'album, et rien que pour les riffs de basse (?) à 1:10 et 1:45, l'interlude lounge piano-bar version Famille Adams (1:55-2:12), le redémarrage juste après, et bien sûr la référence à vous-savez-qui, le morceau vaut le coup d'oreille.
En lisant le titre de la chanson suivante, j'ai quand même cru à une blague. A quoi pourrait bien ressembler un tel morceau ? Un hymne pop ? Une spéciale dédicace peu évidente à l'investigatrice du visage poker ? Une farce musicale, avec Andrew et Ben en comiques troupiers dans des costumes d'ours ? Que nenni ! Lada Dada's Nightmare est ni plus ni moins qu'un morceau instrumental à t'en faire dresser les poils, par ses sonorités dignes des films à suspense et ses hurlements synthétiques. Monstrueux. L'hommage à Lady machin ? Pas fait gaffe.
Parce qu'elle clôt l'album, et qu'il est d'usage de terminer ses réalisations par une bonne note, les MeuGeuMeuTeu nous proposent là Congratulations, une chanson toudoudou, pas vraiment indispensable, plutôt sympatoche. Plus qu'un symbole, content du devoir accompli, la dernière chose qu'on entend sur le disque sont les applaudissements de la foule à l'issue de ce morceau. Ben voyons.


Bilan, calmement

Bilan très positif après une vingtaine de passages du disque. Les morceaux révèlent plus de subtilités à chaque écoute, et c'est du bon. Attention toutefois, l'album est résolument plus travaillé qu'Oracular Spectacular. Sur cet opus, les tubes à la Kids ou Electric Feel se comptent sur les doigts d'un genou. Ceux qui ont aimé The Handshake, Of Moons, Birds & Monsters, ou encore Destrokk (sur l'EP Time to Pretend) devraient être comblés. Et n'avoir qu'à lire le nom de ce très bon album en guise de commentaire final.


Site officiel du groupe MGMT
Clip de Flash Delirium

MGMT / Congratulations (Sony BMG) - Evaluation subjective : 7/10

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