jeudi 12 novembre 2009

Montreal sur le grill

Voilà plus d'un mois qu'un certain punk ocaphile m'avait averti du passage d'un groupe toulousain dans mes montagneuses contrées. C'est ce même déviant culturel qui m'avait auparavant fait connaître et conduit à acheter l'EP dudit groupe, décidé à investir après l'écoute des quelques morceaux mis à disposition du badaud, sur la plateforme MySpace. Comme assez peu souvent finalement, j'ai profité de l'aubaine pour pouvoir comparer et dissocier l'entité CD de l'entité live, et par la même occasion, de m'adonner à un exercice de style pour lequel je suis particulièrement novice : le live-report. Donc par avance, pardon aux familles, tout ça.

Oui, mais le groupe en question, bordel ? Montreal On Fire. "Montreal", comme la ville dans laquelle deux des membres, expatriés originaires de Toulouse, ont composé en 2007 les premières esquisses de morceaux, façon "groupe d'appartement", selon les mots de Romain, chanteur-guitariste, avec qui j'ai pu discuter au détour d'une pause clope. De retour dans la ville rose, puisque 2+2 font 4, deux nouvelles rencontres font que le duo devient quatuor et groupe à part entière. Le "On Fire", pour la petite histoire, je n'en connais pas la provenance, mais cela n'a probablement rien à voir avec le morceau des insupportables Kasabian.

Après pas loin d'une heure de route, et trois quarts d'heure à déambuler dans la glaciale Annecy (sens propre, on flirtait avec les 0°C aux alentours de 19 heures), à tourner de long en large (et vice-versa), guettant l'ouverture du Comptoir de la Folie Ordinaire, sacro-saint lieu haut-savoyard de la musique indé , et donc hôte de nos garonnais, le temps d'une soirée. A peine les portes entrouvertes, je m'engouffre dans l'endroit. Je mets une image sur le concept en même temps que je découvre la configuration des lieux. Sans préjugé, je scrute les deux uniques tables branlantes et les quelques tabourets disséminés ça ou là, qui ornent la miniscule partie de la salle qui tient lieu de bar. Au fond, la scène, à peine plus petite, sans estrade. Malgré tout, intérieurement, telle la courbe, je me gausse, en pensant que le gus qui peut ressentir un besoin réel de chaise et de table pour assister à un concert, peut tout aussi bien rester chez lui, à regarder un DVD live de U2 ou Coldplay (peu importe lequel), affalé dans son canapé, un briquet allumé dans une main, la télécommande dans l'autre, pour baisser le son, de peur que les voisins gueulent.

20 heures, en opening, Funny Bones, groupe de hardcore annécien. Le set d'une quarantaine de minutes est plutôt plaisant à écouter, même si je ne peux m'empêcher de trouver des similitudes là où il ne faut pas, notamment du côté des échappées grint du chanteur principal, remarquablement maîtrisées, mais pas sans rappeler celles du chanteur de Bullet For My Valentine. Interlude de quelques minutes, au cours desquelles un certain nombre de spectateurs quittent la salle. Tant mieux, j'en profite pour passer au premier rang, pour l'entrée en scène des MOF. Merde, pas de boules quiès. A ce moment là, je ne peux plus faire demi-tour jusqu'au bar pour en récupérer sans risquer de me faire piner ma place privilégiée. Les guitares commencent. I Is Another One, qui ouvre l'EP Decline & Fall, ouvrira le live. Le silence qui retentit alors dans la salle du côté des spectateurs fut jouissif à percevoir. Il ne durera certes pas, mais les riffs rapides des deux guitaristes, mêlés à la voix lancinante et transportante d'Adrien, lead singer et claviériste de son état, auront eu raison du public néophyte et non averti du Comptoir. Très vite, je me laisserai envahir par l'ambiance, cette espèce de transe (figeage, tremblements, balbutiements compulsifs, ..., et ce, sans modification préalable du métabolisme par quelconque élément exogène) qui s'empare de toi quand tu ressens la mélodie plus que tu ne l'entends, et qui bon, avouons-le, venait aussi de ma proximité avec les amplis grandement pourvoyeurs de décibels. Anything Everyday et ses riffs guitaristiques puissants, moment fort de l'EP, sera évidemment l'apogée du live. L'émotion est plus que palpable, et la performance est visiblement loin d'être feinte, à en juger par les reprises de souffle difficiles et les gorgées d'eau descendues par les membres du groupe, et notamment du chanteur, entre chaque chanson, qui rendent presque inaudibles les annonces des titres à venir. Disséminés sur le set, quelques morceaux du prochain album, qui devrait être enregistré en Mars 2010, qui, s'il s'annonce aussi dépouillé et inspiré que le premier, semble flirter toujours plus près du mélancolique. Les "Waiting for the storm to pass" finaux de la chanson éponyme clôturant la performance retentiront à trois reprises, scandés comme une litanie par les quatre compagnons, guitares relâchées, a capella. Un peu comme les trois coups au théâtre, annonçant au moins autant la fin du show, que le début de l'aventure que constitue la route vers l'album de la confirmation.

Montreal On Fire @ Le Comptoir de la Folie Ordinaire - Annecy, 11.11.2009

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